Héritière des écoles d’armes du XIXe siècle permettant à l’élite des sous-officiers d’accéder à l’épaulette, l’EMIA est officiellement créée le 13 décembre 1944 à Cherchell. Sous cette appellation sont formés des élèves-officiers de tous les recrutements et d’horizons très divers. Cet amalgame perdure jusqu’en 1961, date à partir de laquelle le général de Gaulle décide de scinder l’ESMIA en deux écoles distinctes : l’école spéciale militaire de Saint-Cyr de recrutement direct et l’école militaire interarmes destinée au recrutement interne.

Au fil des années, cette école va se forger une véritable identité ; en 1966, la tenue bleue, initialement prévue comme tenue de soirée, devient la tenue de parade des élèves qu’ils portent accompagnée du sabre d’officier. C’est en 1978 que pour la première fois, les élèves portent l’actuelle tenue à col officier bleu ciel ornée de la grenade et d’un pantalon à bande latérale bleu ciel. A partir de 1986, la scolarité passant à deux ans, la transmission des traditions peut enfin se faire entre les anciens et les cadets. Surnommés les « Dolos », les élèves de l’EMIA incarnent l’école du mérite.

Former un officier, c’est ainsi être condamné à inventer l’adversité de demain, ou à tout le moins refuser de la subir. Puisse la nouvelle organisation de nos scolarités permettre à nos futurs officiers de percer l’épais brouillard de la guerre, pour y engager une action juste, et victorieuse.

Scolarité

Il est mis en œuvre au travers d’une atténuation de la « semestrialisation » : si chaque semestre conserve une dominante militaire ou académique dont les objectifs sont clairement définis, les enseignements sont davantage combinés pour pouvoir se répondre et se nourrir mutuellement. Ainsi, des fils « verts » (enseignement militaire pendant les semestres académiques) ou « violets » (enseignement académique pendant les semestres militaires) sont mis en place.

Les 4 semestres se décomposent comme suit :

- les semestres 1 et 4 sont à dominante « militaire » et visent pour le premier à initier les élèves au commandement d’une section, et pour le quatrième à consolider ce niveau et préparer les officiers-élèves aux écoles d’application. De la même manière que pour l’ESM, ces semestres sont ponctués de périodes d’enseignement académique qui donnent de l’épaisseur au soldat, au chef, à l’officier et à l’homme au fur et à mesure de sa progression militaire ;

- les semestres 2 et 3 sont des semestres à dominante académique, au cours desquels les élèves évoluent dans trois filières : « économie gestion publique », « géopolitique, relations internationales et stratégie », « sciences et technologie de la défense », toutes sanctionnées par une Licence. Ces semestres sont régulièrement ponctués de rendez-vous militaires (stage en Guyane au 2e semestre en particulier). Le 3e semestre est également l’occasion pour les élèves d’effectuer un mois d’immersion dans une formation militaire étrangère, dit « mois international ».

Une quinzaine d’élèves OST est recrutée « sur titre » au niveau BAC+3. Ils n’effectuent qu’une année à l’EMIA, année construite « sur mesure » autour des semestres 1 et 4 entre lesquels ils effectuent une période de mise en situation au sein des forces de souveraineté ou prépositionnées.

Chaque promotion de l’EMIA compte également dans ses rangs une dizaine d’élèves officiers internationaux.

A la rentrée 2021, la 2e brigade de l’EMIA expérimentera la « filiérisation », c’est-à-dire l’organisation des sections par filière académique afin d’exploiter toutes les potentialités de la réforme en facilitant le passage du monde académique (classe) au monde militaire (section).

Trois principes pédagogiques accompagnent cette démarche :

  • donner l’exemple, car le mimétisme reste un procédé d’apprentissage majeur. Il s’agit de marquer un effort sur le savoir-être des élèves, à la fois comme homme, soldat, chef et officier, en misant sur l’exemplarité et l’exigence du commandement de contact, via notamment une formation des formateurs ;
  • donner du sens. C’est en premier lieu favoriser la compréhension des enjeux, condition d’un apprentissage efficace et gage de la hauteur de vue recherchée. C’est aussi donner les clés de compréhension de la singularité militaire pour préparer le chef à mettre en œuvre la force dans un environnement dramatique, puis l’assumer. C’est enfin préserver l’importance des traditions, fondement de la fierté, vecteur d’identité, au cœur de la notion de service ;
  • donner de l’ouverture en multipliant, en écho d’un enseignement au diapason, d’une part les brassages entre les origines de recrutement, d’autre part les opportunités de voir d’autres horizons (stage en corps de troupe, semestre international, échanges avec d’autres écoles militaires et civiles). Il s’agit non seulement de garantir la qualité du lien Armée – Nation, mais aussi de préparer l’officier à faire la guerre en développant sa réflexion éthique.

Trois procédés pédagogiques sont principalement utilisés :

  • la variété des méthodes d’apprentissage (cours traditionnel, côte à côte, pédagogie de projet, outils numériques,…) pour stimuler en permanence les élèves avec comme corollaire la poursuite de la modernisation des méthodes d’enseignement initiée dans le projet ESCC 2030 ;
  • l’individualisation de la formation pour développer chaque potentiel, en professionnalisant la construction et le suivi des mises en situation de responsabilité, en proposant aux élèves le choix entre deux ou trois majeures académiques et en offrant une expérience en autonomie lors de stages en corps de troupe ou à l’étranger ;
  • les mises en situation de responsabilité, pour répondre au besoin de se projeter comme futur chef. Ces mises en situation permettent l’intégration et la maturation des différents enseignements. Un effort particulier permettra leur doublement à compter de la rentrée 2021 ainsi qu’une amélioration du processus d’élaboration des notes d’aptitude. Enfin, en lien avec la formation, l’évaluation est repensée. Le processus de développement des facultés morales, intellectuelles et physiques trouve son aboutissement dans des évaluations réalistes, exigeantes en intensité et en durée.

Pour « faire face à ce qui n’a jamais été », selon les mots de Paul Valéry, quand le combat efface tous les repères, livrant les hommes à l’incertitude, à l’inconnu et à la peur, il faut beaucoup apprendre, pour savoir, mais peut être encore davantage pour décider puis agir.

L'École