Baptême promotion
11 janvier 2013, les autorités maliennes demandent à la France son appui pour arrêter l'avancée de groupes terroristes en direction de Bamako. Fidèle à ses engagements, Paris lance en quelques heures, une opération militaire inédite. Envoyés pour mener une intervention aéroterrestre d’une ampleur exceptionnelle, les soldats français se déploient avec une réactivité remarquable et une très grande fermeté. Arrêtant net la progression des groupes armés terroristes en quelques jours, ils témoignent d’une bravoure au combat, d’une résistance physique et morale qui fondent l’esprit guerrier français. Serval puis Barkhane en 2014, ces noms résonneront jusqu’en 2023 du Tchad au Mali, du Burkina Faso au Niger, de la Mauritanie aux confins du Sahel, de ses immenses déserts aux fleuves de l’Afrique sub- saharienne. Parfois, ces noms résonneront également sur le parvis des Invalides à Paris, pour ceux qui, tombés au champ d’honneur, auront offert leur vie pour protéger celle de nos partenaires africains affectés par le terrorisme destructeur.
Je suis volontaire. Je suis fils de France ou légionnaire, je suis de toutes les catégories de notre armée. Je veux servir la France et le Sahel nous appelle. Des zones désertiques aux montagnes piégeuses de l’adrars des Ifoghas en passant par les abords périlleux de la RN16, je traque jour et nuit le combattant ennemi et tente méticuleusement de relever ses pièges. Malgré les conditions extrêmes, les températures suffocantes et les tempêtes de sable fréquentes, je fais preuve de rusticité et de détermination. Je suis pilote d'hélicoptère, fantassin, cavalier ou sapeur, maintenancier, infirmier ou logisticien, artilleur, équipier au sein d’un groupement commando, transmetteur ou analyste pour la direction du renseignement militaire. Avec mes camarades, je participe à la formation, à l’entraînement et à l’engagement au combat de mes frères d’arme : soldats maliens, mauritaniens, nigériens, burkinabés et tchadiens. Ensemble et aux côtés de mes partenaires africains, je libère Tombouctou, Gao, Tessalit même. Je participe à la protection de convois sur la Voie Sacrée, je sillonne la zone des trois frontières pour y combattre l’ennemi qui s’y terre…
Fidèle à mes rêves de jeunesse, je sers une cause plus grande que ma personne. Je lutte contre le terrorisme au Sahel pour venir en assistance à des peuples martyrisés par la barbarie des groupes armés d’Al Qaeda et de Daesh. A la suite de ces tirailleurs, de ces goumiers, de ces spahis qui étaient venus d’Afrique pour libérer mon pays au moment des guerres du XXème siècle, je combats à mon tour pour sauver ces peuples frères de cette tragédie qui s’étend à toute la sous-région et menace de déborder dans le Golfe de Guinée, en Europe même.
Nous sommes 59, tombés dans l’accomplissement de notre mission. D’autres ont su se relever mais gardent encore en eux, les stigmates de ces combats vécus. Quelques-uns de nos frères d’armes se tiennent debout face à vous sur le Marchfeld.
Ce soir, ils sont là pour maintenir la mémoire de notre sacrifice. Ils honorent aussi ces blessés et tous ceux qui, durant 10 ans, ont contribué, de près ou de loin, au succès des opérations. Plus d’un tiers de cette promotion a foulé le sable chaud du Sahel. Et tous, auront été marqué par l’engagement de leurs camarades. Hier ils étaient à nos côtés, demain ils porteront fièrement notre nom. Nous sommes Ceux du Sahel.